Comment donner un conseil: quelques idées de communication

Dans ce post, je vais tenter de réfléchir de façon critique sur le sujet des conseils, et de comment les prodiguer.

Je me suis récemment penché sur les conseils et j’ai réalisé à quel point ils peuvent nous desservir, voire être préjudiciables. Comment ils pouvaient parfois être inefficaces et comment lutter contre ces évènements indésirables. Cela s’applique aux réseaux sociaux, dans les rencontres personnelles ou dans les relations de soin (et probablement à d’autres interactions mais ce sont celles que j’ai trouvé pertinentes à ce jour).

Donner un conseil est toujours un acte de gentillesse, une façon d’etre bienveillant pour prendre soin des gens … mais cela peut être perçu différemment par la personne recevant le conseil. Après tout, ne vivons nous pas le monde subjectivement selon nos vies et le contexte?
Voici quelques exemples pour illustrer mon propos.

I) Un patient me dit qu’il essaye de se mettre au sport et qu’il a commencé à courir tous les jours. En tant que soignant, je m’inquiète pour sa sécurité et j’ai envie de lui conseiller de faire attention à la surcharge du fait qu’il était sédentaire depuis des années. Je souhaite lui éviter un potentielle blessure. Ma réaction première serait: “Super, mais vous devriez faire attention, si vous courez tous les jours vous risquez de vous blesser”.

II) Je vois une vidéo sur les réseaux sociaux de quelqu’un qui fait un exercice et je réalise qu’il ne réalise pas le mouvement de façon optimale. Je souhaite l’aider à acquérir une forme parfaite, pour lui éviter de perdre son temps et l’aider à s’améliorer. De ce fait, je suis enclin a commenter sous la publication: “Ta réalisation est imparfaite, tu devrais essayer de travailler sur x ou y ou de changer ce paramètre car cela t’aiderait”.

III) Un ami me dit qu’il a décidé de devenir végane, et je me soucie de sa santé, ce qui me conduirait à dire: “Cool, mais tu devrais prendre de la vitamine B12 pour éviter les carences”.

Dans le scénario I), il est facile de croire que c’est mon rôle de fournir ce conseil pour la sécurité de la personne et agir de façon préventive. Pourtant la personne pourrait le prendre autrement. Peut-être cela va réduire sa motivation initiale de faire du sport. Peut-être qu’il va penser que c’est dangereux pour lui de courir car moi (son professionnel de santé), suis inquiet qu’il se soit mis à courir. Peut-être qu’il va se sentir offensé que je ne croie pas en ses capacités d’auto gestion. Tout pourrait se passer.

Dans le scenario II), je suis sur les réseaux sociaux, donc je commente mon conseil pensant que je vais aider la personne à faire mieux. Mais peut-être à t’elle déjà reçu plusieurs commentaires comme le mien. Peut-être cette personne va se sentir critiquée. Peut-être va t’elle avoir le sentiment que son dur travail ne paie pas et que ça n’est pas assez bien. Peut-être va t’elle penser qu’elle devrait arrêter d’essayer.

Dans le scenario III): bien que je veuille prendre soin d’un ami, peut-être que son expérience est différente. Peut-être qu’il va croire que je me considère plus savant que lui sur un sujet qu’il affectionne. Peut-être qu’il en sait plus que moi à ce sujet. Peut-être va t’il se sentir seul et incompris dans son projet. Peut-être va t’il se sentir en colère ou douter de lui. Peut-être va t’il se sentir désespéré pour l’avenir de la planète, le bien-être animal et déprimé par la société et le genre humain.

En conclusion, mon conseil était soit délétère (diminuant la confiance, l’espoir, ou créateur de colère), soit inefficace, inutile (puisque la personne ne m’écoutera pas).

2. Pour pallier à cela, voici quelques idées que je pourrais considérer avant de dire ou écrire mon conseil.

A) Je peux m’assurer que mon conseil ne sort pas de nulle part. Je peux commencer une conversation d’abord. Lorsque quelqu’un vient me dire ce que je dois faire sans dire bonjour, je peux légitimement me sentir irrité. Donc, je peux commencer par engager la conversation avec la personne.
Exemple II): Avant de dire à mon ami sur les réseaux que l’exercice qu’il fait n’est pas parfait, je peux commencer par prendre des nouvelles. “J’ai vu ta vidéo sur les réseaux, cela m’a fait réaliser que j’avais envie de prendre de tes nouvelles, comment vas-tu? :)”

B) Ensuite, une fois la conversation engagée, je peux commencer par féliciter la personne pour ce qu’elle fait. Les compliments et les encouragements sont toujours bienvenus.
Exemple I): “Félicitations pour votre récente mise à la course, c’est un bel effort que vous avez fait là, c’est inspirant!”

C) Je peux ensuite questionner sincèrement sur les connaissances qu’à déjà la personne. La plus part du temps, je ne sais pas dans quelle mesure la personne sait déjà des choses sur le conseil que je souhaite lui donner. Si elle sait déjà la chose, à quoi bon donner mon conseil?
Exemple III): “J’ai entendu beaucoup de choses au sujet de l’alimentation végane, est-tu au courant des éventuels soucis associés?”

D) Si la personne a la même information que moi, alors je peux être rassuré et nul besoin d’aller plus loin. Cependant, si nous avons une vision différente sur le sujet, je peux demander si elle souhaite connaitre ma perception (demander la permission). Cela me permet d’être sur: -Qu’elle a envie d’en savoir plus / -Que la personne est dans la disposition mentale pour entendre mon point de vue / conseil = qu’elle est disponible (parfois ça n’est juste pas le moment) / -Qu’elle va m’écouter ce qui maximise les chances que mon conseil soit utile.
Exemple II): “Il semble que j’ai une compréhension différente de comment réaliser cet exercice, est-ce que tu souhaites que je partage mon point de vue avec toi?”

E) Ensuite il ne me reste plus qu’a donner mon conseil de façon adaptée et agréable, en choisissant mes mots avec précaution.
Exemple I): “Avec mon expérience de kinésithérapeute, j’ai observé que parfois une surcharge peut se produire quand les gens reprennent l’activité physique. Certains même se blessent lorsqu’ils commencent avec une haute fréquence et intensité du fait de leur motivation. Ce qui peut-être pertinent, c’est de surveiller les symptômes de X façon et si besoin réduire la fréquence à Y fois par semaine, et augmenter progressivement par la suite”.

F) Bonus: Je peux même aller plus loin en demandant ce que la personne en pense. Cela me permet de voir si mon message a été compris et comment elle se sent par rapport à ça, et pourquoi pas identifier d’autres sujets de discussion.
Exemple III): “Qu’en pensez vous? Est-ce que cela vous parle?”

Voici les éléments clés que j’ai identifié pour fournir des conseils de façon utile dans la pratique professionnelle et dans la vie personnelle. Certains éléments peuvent être similaires à l’entretien motivationnel ou d’autres stratégies de communication.

Je suis curieux de la façon dont vous prodiguez vos conseils, et vos avis sur le sujet, donc n’hésitez pas à partager votre point de vue en commentaire.

Prenez soin de vous.

Clément

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