Les coureurs avec un SFP ont une biomécanique altérée qui peut être modifiée avec des interventions ciblées

(Neal, Barton, Gallie, O’Halloran, & Morrissey, 2016)

Buts: Synthétiser les études prospectives, observationnelles et interventionnelles mesurant les résultats cliniques et biomécaniques chez les populations de coureurs symptomatiques.

Méthodes : Revue Systématique, 2 relecteurs indépendants, 28 études, échelle PeDro pour la qualité.

Résultats : Des preuves prospectives très limitées montrent que l’augmentation du pique d’adduction de hanche est un facteur de risque de développer un SFP chez les coureuses ; de plus des preuves limitées indiquent que la rééducation à la course change les symptômes et la fonction grâce à quelque chose comme un mécanisme cinématique de réduction du pic d’adduction. Cela est soutenu par des preuves modérées d’une étude transversale dans des cohortes mixtes avec une corrélation identifiée entre le SFP à la course et l’augmentation du pic d’adduction, la rotation interne et la bascule controlatérale du pelvis. D’autres études prospectives sont nécessaires pour clarifier la causalité de cette association statistique. Des preuves indiquent que le renforcement des muscles proximaux change les symptômes et la fonction sur le court terme mais les mécanismes biomécaniques potentiels sont inconnus.

Limites : Dans certaines études : données insuffisantes, problèmes méthodologiques, représentativité de l’échantillon, fiabilité des critères de jugement, seulement 1 étude de haute qualité et 2 moyennes qualité, court terme uniquement (3mois).

En pratique : La technique (schéma) de course pourrait influencer le SFP et l’évaluer et travailler à le modifier pourrait aider certains patients (plutôt chez les femmes).

Neal, B. S., Barton, C. J., Gallie, R., O’Halloran, P., & Morrissey, D. (2016). Runners with patellofemoral pain have altered biomechanics which targeted interventions can modify: A systematic review and meta-analysis. Gait and Posture, 45, 69–82. https://doi.org/10.1016/j.gaitpost.2015.11.018

Il n’y a pas de différence dans la composition quantitative du cartilage évalué à l’IRM entre les patients avec SFP et les contrôles sains

(Van Der Heijden et al., 2015)

Buts : Rechercher les différences dans la composition du cartilage entre les patients avec SFP et des contrôles sains en utilisant l’IRM quantitative.

Méthodes : Étude cas contrôles transversal, avec un groupe SFP Durant de 2 mois à 2 ans, de 14 à 40 ans. 64 patients et 70 contrôles.

Résultats : Pas de différence significative trouvée au repos au niveau de cartilage patellaire et fémoral entre les patients avec un SFP et les contrôles sains dans les différents sous-groupes. 

Limites : Petit échantillon, certains patients n’ont pas effectué tous les tests IRM. Les critères diagnostics étaient incomplets. Les différences chez les contrôles auraient besoin d’être ajustées. Population choisie.

En pratique : La composition du cartilage ne semble pas être différente entre les patients SFP et les contrôles asymptomatiques.

Van Der Heijden, R. A., Oei, E. H. G., Bron, E. E., Van Tiel, J., Van Veldhoven, P. L. J., Klein, S., … Van Middelkoop, M. (2015). No Difference on Quantitative Magnetic Resonance Imaging in Patellofemoral Cartilage Composition between Patients with Patellofemoral Pain and Healthy Controls. American Journal of Sports Medicine, 44(5), 1172–1178. https://doi.org/10.1177/0363546516632507

L’exercice dans le traitement du SFP. Revue Cochrane

(Van der Heijden, Lankhorst, Van Linschoten, Bierma-Zeinstra, & Van Middelkoop, 2015)

But : Évaluer les effets (bénéfices risques) de la thérapie par les exercices visant à réduire la douleur et augmenter la fonction du genou chez les personnes présentant un syndrome femoro-patellaire.

Méthodes : Revue Cochrane d’essais contrôlés randomisés au sujet des exercices pour le SFP. 2 relecteurs indépendants, critères de jugements : douleur lors des activités et douleurs habituelles (au court terme <3mois) ; douleur lors des activités et douleurs habituelles (au long terme >3 mois) et récupération (long terme). 31 études hétérogènes 1690 participants avec un SFP inclus.

Résultats : Ex vs contrôle : Les données de 5 études (375 participants) étaient en faveur des exercices pour la douleur lors d’activités sur le court terme. L’intervalle de confiance incluait le MCID de 1,3 indiquant la possibilité de réduction de la douleur cliniquement significative. Les mêmes résultats s’appliquaient pour la douleur usuelle (cour et long terme), et la douleur lors d’activités (au long terme). Le regroupement de données de 7 études (483 participants) était en faveur des exercices pour les capacités fonctionnelles (cour-terme). Amélioration de la fonction cliniquement pertinente au long terme 12 mois. Travail de la hanche et genou : les données de 3 études (104 participants) étaient en faveur des exercices combinés pour la douleur au court terme dans les activités et l’intervalle de confiance était cliniquement significatif. Idem pour la douleur habituelle (court terme). Une étude (49 participants) a trouvé une réduction cliniquement importante de la douleur dans les activités au long terme pour les exercices de genou et hanche. Bien que la tendance fût en faveur de la combinaison des exercices hanche et genou, les preuves pour une amélioration de la fonction (court et long terme) et la récupération (une étude) ne montraient pas qu’une des approches était supérieure.

Limites : hétérogénéité.

En pratique : Cette revue a trouvé des preuves de très faible qualité mais cohérentes que la rééducation par les exercices pour le SFP pouvait résulter en une réduction importante de la douleur et de la fonction tout en améliorant la récupération à long terme. Cependant, il n’y a pas assez de preuves pour déterminer le meilleur type d’exercices et nous ne savons pas si ce résultat s’applique à toutes les personnes ayant un SFP. Il y a quelques preuves de très faible niveau que les exercices de hanche combinés à ceux du genou soient plus efficace pour réduire la douleur et améliorer la fonction que les exercices de genoux seuls.

Van der Heijden, R., Lankhorst, N., Van Linschoten, R., Bierma-Zeinstra, S., & Van Middelkoop, M. (2015). Exercise for treating patellofemoral pain syndrome (Review). Cochrane Database of Systematic Reviews, (1), 199. https://doi.org/10.1002/14651858.CD010387.pub2.www.cochranelibrary.com

La rééducation des muscles proximaux est efficace pour le SFP : une RS avec MA.

(Lack, Barton, Sohan, Crossley, & Morrissey, 2015)

Buts : Cette revue (1) évalue l’efficacité de la rééducation de la musculature proximale chez les patients atteints de SFP; (2) compare l’efficacité de divers protocoles et (3) identifie les mécanismes potentiels biomécaniques qui pourraient avoir un effet pour optimiser les résultats dans ce groupe de patients.

Méthodes: SR, 2 reviewers indépendants, échelle PEDro et liste de critères d’inclusion / exclusion du SFP. 12 études ont été inclues.

Résultats : Niveau de preuve fort que l’ajout de la musculature proximale à la rééducation du quadriceps (Q) est plus efficace pour réduire la douleur que la rééducation du quadriceps seule. Niveau de preuve modérée que la rééducation des muscles proximaux est plus efficace pour réduire la douleur que la rééducation du quadriceps seule. A moyen terme : respectivement niveau de preuve fort et modéré que la rééducation des muscles proximaux, et de ces derniers avec le quadriceps est plus efficace pour réduire la douleur que la rééducation du quadriceps seule. Sur le long terme : niveau de preuve faible que la rééducation des muscles proximaux combinée au Q est plus efficace pour réduire la douleur que la rééducation du Q seule. Il en est de même pour l’amélioration de la fonction pour les proximal et le proximal combiné au Q que la rééducation du Q seule à court terme (niveau de preuve fort), moyen (fort à modéré) et long-terme (faible niveau de preuve). Nous ne savons pas quel protocole est le plus efficace pour réduire la douleur sur le moyen et long terme. Pour la fonction, le niveau de preuve est de faible qualité.

Limites : Variabilité du design des études, type de protocoles (Chaine cinétique ouverte ou fermée), et critères de jugements des résultats différents limitant la mise en commun des résultats. Les études incluses ne reportent pas correctement toutes les données.

En pratique : Ces résultats indiquent que l’ajout de la musculature proximale à la rééducation du quadriceps dans le traitement du SFP est indiquée dans la prise en charge clinique. Le travail de la force, de l’endurance, et de l’activité neuro-musculaire des muscles proximaux est intéressant dans le traitement su SFP et devrait être inclus en pratique. Comme aucun des traitements n’est supérieur, cela laisse le clinicien se guider à la réponse clinique, aux préférences du patient, ou au matériel disponible sans impacter la qualité de la prise en charge.

Lack, S., Barton, C., Sohan, O., Crossley, K., & Morrissey, D. (2015). Proximal muscle rehabilitation is effective for patellofemoral pain: A systematic review with metaanalysis. British Journal of Sports Medicine, 49(21), 1365–1376. https://doi.org/10.1136/bjsports-2015-094723

Enseignements d’une étude sur l’acupuncture et le massage pour la lombalgie

(Kalauokalani, Cherkin, Sherman, Koepsell, & Deyo, 2001)

Buts : Évaluer l’association entre les attentes de bénéfices d’un traitement spécifique d’un patient avec l’amélioration fonctionnelle.

Méthodes : Analyse secondaire d’un RCT comparant le massage, l’acupuncture et l’auto-traitement (groupe contrôle) sur des patient lombalgiques chroniques. 135 patients, 10 sessions en 10 semaines. Il a été demandé aux participants de noter l’amélioration dont ils pensaient bénéficier pour chaque type de traitement par rapport à leur épisode actuel sur une échelle de 0 à 10. On leur a aussi demandé leurs attentes d’amélioration indépendamment du traitement sur une échelle à 7 points. Ont été analysées : les mesures des attentes pour chaque traitement (hautes/ basses) / les attentes relatives (quel traitement avait les attentes de plus haute amélioration) / la moyenne des scores d’attentes pour chaque traitement (amélioration générale) et les attentes sur le pronostic d’évolution naturelle (optimisme pour l’amélioration).

Résultats : Pas de  ≠ dans la proportion de patients qui se sont améliorés dans les groupes. Les meilleures améliorations du Rolland Morris ont été retrouvées parmi les participants avec des attentes d’amélioration pour le traitement qu’ils avaient reçu par rapport à ceux qui avaient des attentes plus faibles pour ce traitement. L’amélioration du score RM était aussi significativement plus importante dans le groupe avec des attentes plus hautes d’amélioration que dans celui avec des attentes faibles. Parmi les participants avec des attentes relatives pour le massage avaient de meilleurs scores RM (score faible) à 10 semaines s’ils avaient eu du massage plutôt que de l’acupuncture. De plus, quel que soit le traitement reçu, les effets de ce traitement dépendaient de la magnitude des attentes relatives. Ni les attentes moyennes d’effet pour un traitement ni les attentes générales sur le pronostic n’avaient d’association significative avec les résultats au RM.

Limites : Variable confondantes / petit échantillon / seulement 2 traitements passifs dont l’efficacité est discutable ont été évalués / …

En pratique : ● Les attentes d’un patient pour un traitement spécifique sont significativement corrélées avec l’amélioration clinique. ● Les chances d’amélioration sont cinq fois plus grandes chez les patients avec des attentes d’amélioration importantes pour un traitement que ceux avec des attentes faibles après ajustement des variables sociodémographiques, de santé, et facteurs physiques. ● L’optimisme global par rapport au pronostic ne semble pas avoir ici d’influence sur les résultats. ● Ces résultats peuvent avoir des conséquences sur le choix du traitement par le praticien et le patient, particulièrement lorsqu’aucun traitement n’a montré d’efficacité supérieure et lorsque la sécurité et les couts des ≠ traitements sont similaires. ● Ces résultats indiquent le rôle de l’évaluation des attentes dans l’interprétation et la conception d’études cliniques.

Kalauokalani, D., Cherkin, D. C., Sherman, K. J., Koepsell, T. D., & Deyo, R. A. (2001). Lessons from a trial of acupuncture and massage for low back pain: Patient expectations and treatment effects. Spine, 26(13), 1418–1424. https://doi.org/10.1097/00007632-200107010-00005

Évaluation et traitement du SQC (Syndrome de la Queue de Cheval)

(Greenhalgh, Finucane, Mercer, & Selfe, 2018)

But : Mettre en évidence les problèmes rencontrés par les cliniciens pour reconnaître et prendre en charge le SQC et offrir des conseils sur la prise en charge fondée sur les preuves scientifiques de ces patients.

Méthodes : Masterclass

Résultats : Les symptômes précoces du SQC sont souvent subtils et vagues.

1. Sciatique bilatérale neurogénique – Douleur associée au dos et / ou symptômes uni- bilatéraux des membres inférieurs peuvent exister.

2. Réduction de la sensation périnéale – Perte de sensation du périnée et anesthésie en selle.

3. Altération de la fonction vésicale entrainant une rétention urinaire indolore – La dysfonction vésicale peut aller de l’augmentation de la fréquence mictionnelle, à la difficulté à initier la miction, difficulté à changer le flux d’urine, incontinence urinaire jusqu’à la rétention vésicale.

4. Perte du tonus anal – réduction ou perte du tonus anal – Dysfonction intestinale pouvant inclure incontinence fécale, incapacité à contrôler les intestins et / ou incapacité à sentir quand l’intestin est plein avec une surcharge du flux.

5. Perte de la fonction sexuelle.

Importance de la chronologie et de l’évolution. L’augmentation de la douleur ne signifie pas systématiquement une aggravation de la pathologie. Facteurs confondants : Médicamentation, ATCD, historique de chirurgie de la colonne. Un examen neurologique complet est nécessaire. Il faut documenter ce qui a été fait et dater. Si suspicion, s’assurer en donnant la carte du SQC.

Limites : Revue de littérature d’auteur

En pratique : Importance de l’anamnèse, de l’examen clinique, des facteurs confondants et de documenter ce qui est fait.

Greenhalgh, S., Finucane, L., Mercer, C., & Selfe, J. (2018). Assessment and management of cauda equina syndrome. Musculoskeletal Science and Practice, 37(June), 69–74. https://doi.org/10.1016/j.msksp.2018.06.002

Étude qualitative des drapeaux rouges pour les pathologies spinales graves

(Greenhalgh & Selfe, 2009)

Buts : Explorer le savoir empirique des cliniciens expérimentés dans les soins palliatifs dans le milieu des pathologies spinales graves.

Méthodes : Étude qualitative Technique de groupe nominal + groupe ciblé.

Résultats :

Limites : Étude qualitative, opinion d’expérience d’experts, uniquement les services du Royaume-Uni. Biais de rappel.

En pratique : Les douleurs du tronc en bande, symptômes vagues non-spécifiques des membres inférieurs et diminution de la mobilité ont intérêt à être plus explorés, mais les cliniciens MSK de première ligne peuvent trouver cela utile de penser à ces éléments lors de l’anamnèse et dans les premières étapes du parcours de soin. Ces trois items peuvent informer le processus de raisonnement clinique, augmenter l’index de suspicion et aider à orienter la prise en charge médicale du patient.

Greenhalgh, S., & Selfe, J. (2009). A qualitative investigation of Red Flags for serious spinal pathology. Physiotherapy, 95(3), 224–227. https://doi.org/10.1016/j.physio.2009.04.006

Quels sont les drapeaux rouges qui aident à la détection des pathologies métastatiques osseuses causant des lombalgies ?

(Finucane, Greenhalgh, & Selfe, 2017)

But : Discuter des drapeaux rouges.

Méthodes : Point de vue d’auteur

Limites : Faible niveau de preuve, point de vue d’expert.

En pratique : Les patients avec un ATCD de cancer qui ont une affinité pour les os comme le cancer du poumon, de la prostate et du sein, qui se présentent avec de nouveaux symptômes persistants devraient être évalués avec une suspicion élevée de métastase osseuse. Un processus de « filet de sécurité » (de protection) de suivi de près des patients à risque sur la durée est raisonnable et est une considération importante à avoir pour une prise en charge efficace de ces cas potentiellement sérieux. Utiliser le fait de savoir le risque du patient à développer une métastase osseuse et les drapeaux rouges actuels peuvent aider à augmenter l’index de suspicion et aboutir à une investigation et un traitement du patient dans les temps.

Finucane, L., Greenhalgh, S., & Selfe, J. (2017, July 10). Which red flags aid the early detection of metastatic bone disease in back pain? Physiotherapy Practice and Research. https://doi.org/10.3233/PPR-170095

Pathologie métastatique mimant la lombalgie mécanique ; les symptômes atypiques peuvent augmenter notre suspicion

(Finucane, 2013)

Buts : Ces rapports de cas mettent en lumière l’importance d’un diagnostic précoce des pathologies métastatiques et identifient les symptômes qui peuvent aider à augmenter l’index de suspicion du clinicien.

Méthodes : Étude de cas

Résultats : Clinique :

Douleur en bande / Douleur abdominale / Engourdissement non dermatomal / Douleur de jambe vague / Douleur nocturne insomniante / Douleur intermittente / Aggravée par la marche, l’assise, la station debout, soulagée par le décubitus dorsal / Soulagée par le Tramadol / Absence de symptômes de Compression Queue Cheval. ATCD cancer sein, Perte de poids 3Kg en 3 mois, échec du traitement conservateur. ATCD d’épisodes de lombalgie avec symptômes différents / Pas de douleur au repos / Limitation de la flexion et extension lombaire avec reproduction de la lombalgie mais rien d’autre / SLR=50° bilatéral et reproduisant les symptômes. Test de tension du nerf Fémoral négatif et examen neuro négatif. Tests de Babinski et de clonus négatifs.

Limites : Faible niveau de preuve

En pratique : Drapeaux Rouges = ATCD de cancer, échec du traitement conservateur, perte de poids, douleur nocturne, douleur multi-segmentaire, douleur en bande et sensations étranges dans les jambes. Les cancers qui métastasent (SPP) Sein Poumon Prostate. Douleur qui peut être intermittente et répondre aux AINS, puis progressivement s’aggraver pour devenir continuelle.

La douleur peut irradier dans l’abdomen ou la poitrine et est souvent décrite comme aiguë, vive, profonde et en bande. La douleur et les symptômes peuvent être aggravés par le décubitus dorsal et la douleur nocturne est fréquente. Le patient peut se plaindre de douleurs bilatérales. Il peut exister des sensations bizarres, étranges, vagues, dans les jambes.

Finucane, L. (2013). Metastatic disease masquerading as mechanical low back pain; atypical symptoms which may raise suspicion. Manual Therapy, 18(6), 624–627. https://doi.org/10.1016/j.math.2013.02.009